Le journaliste et chroniqueur d’Europe 1 Jean-Michel Aphatie a été interpellé dans la rue, non par des policiers pour ses chroniques violemment anti-Gilets jaunes, mais par un Gilet jaune qui lui pose des questions... journalistiques.
Faut-il y voir un rapport ? La chronique de Jean-Michel ce jour-là, le 8 janvier 2019, portera sur les « violences policières ». Les journalistes ne sont que des hommes, personne ne doit l’oublier.
L’ancien chroniqueur politique du Grand Journal de Canal+ s’est fait remarquer pendant les deux mois de révolte populaire en invectivant et en condamnant le mouvement des Gilets jaunes. Sur Twitter, ses envois à la limite de la provocation ont déclenché un mouvement unanime anti-Aphatie : le journaliste de cour est devenu malgré lui le symbole d’une information honnie qui défend uniquement les intérêts d’une oligarchie qui fait du mal au peuple.
Inconscient de cette réalité sociale, l’homme des matinales d’Europe 1 a poursuivi son œuvre sans se soucier des conséquences. Pendant ce temps, les Gilets jaunes de plus en plus conscientisés délaissaient les péages et autre ronds-points pour cibler, pacifiquement toujours, les lieux et les hommes de pouvoir.
Après une première tentative à l’Élysée, les troupes de choc de l’Armée jaune, cette nouvelle Grande Armée française, ont mis la pression sur BFM TV et ses journalistes, siège de la propagande macronienne la plus éhontée. Puis ils ont occupé des antennes de France 3, comme à Pau, toujours sans esprit de destruction, et toujours dans l’idée de responsabiliser les journalistes qui n’entendent que leur direction, et jamais la rue.
Le cas de Ouest-France, dont la parution a été momentanément bloquée par une équipe de Gilets jaunes dans la nuit du 26 au 27 décembre 2018, est emblématique.
Le titre tirait depuis des semaines à boulets rouges sur les manifestants dans un esprit étonnamment partial pour un titre de presse digne de ce nom. Or il suffit de consulter les aides à la presse en 2018 et les facilités fiscales accordées aux groupes qui les possèdent pour se convaincre que le parti pris anti-Gilets jaunes est de l’ordre de la survie économique.
Pourtant, à force de lutter contre les Français en lutte, les titres de presse se suicident à petit feu. Le choix de la survie par le haut et non par le bas, par l’oligarchie et non par le peuple est désastreux pour l’ensemble de la profession, et les hommes qui la constituent ne peuvent pas l’ignorer. Ainsi, le responsable de la société des journalistes de BFM TV a-t-il poussé un cri... contre les Gilets jaunes, pas contre les injonctions de sa hiérarchie.
Si une partie du peuple français est en train de prendre conscience de sa condition et entame une nouvelle lutte sociale historique, les journalistes du Système, eux, ont un train de retard sur le peuple. S’ils ne s’adaptent pas à ce changement, ils disparaîtront corps et biens.